Alors que « Horizons médiatiques » vous présentait dans un dossier paru le mois dernier les initiatives du « Guardian 2.0 », sensées permettre au journal de faire face à la crise de la presse, le quotidien britannique a lancé le 30 janvier dernier Newsdesk Live. Son objectif : franchir une nouvelle étape dans la participation des lecteurs à la conception du journal.
La suite logique de
la Newslist
Après s’être lancé dans le Datajournalisme, après avoir créé son application Facebook et Ipad, et après avoir donné naissance au Tagbot, le robot Twitter, le Guardian a franchi un pas supplémentaire dans l’innovation journalistique et le journalisme participatif, dont il se fait le pionnier. Newsdesk Live est donc le nouveau bijou du journal britannique, venant dans la continuité de la Newslist présentée au sein du dossier cité précédemment.
Open Newslist du 22 Février 2012 |
Pour rappel, cette
Newslist permet à chaque internaute d’accéder librement aux différents sujets à venir, traités par la rédaction du Guardian. Cet agenda ouvert à tous, présenté sous la forme de tableur
et intégré par Google Doc est une sorte de document de travail partagé, dans
lequel sont listés les sujets du jour et le journaliste en charge. Les lecteurs
sont alors invités, par l’intermédiaire du hashtag #opennews sur Twitter, à prendre part au travail de la rédaction. L’internaute
peut ainsi apporter ses suggestions, ses témoignages, ses contradictions.
Newsdesk Live va
encore plus loin
Pour compléter cet outil qui n'est pas sans failles, le Guardian a donc conçu le blog Newsdesk Live, mis en place le 30 janvier dernier.
Sur la page d’accueil du site se
trouve le petit encart ci-contre. Pour les non anglophones, une traduction s’impose :
« Chaque jour sur Newsdesk Live, l'équipe de la rédaction du Guardian vous
apportera les nouvelles que nous
avons recensées, vous expliquera comment
nous les avons sélectionnées, et vous demandera de vous impliquer.
Envoyez-nous vos idées, vos témoignages et expériences pour aider à façonner notre couverture ».
Le message est clair, les lecteurs sont
invités à participer à la fabrication du journal. En ce 22 février, les deux sujets
principaux étaient le verdict en appel concernant
la possibilité des manifestants anticapitalistes à poursuivre ou non leur
mouvement devant la cathédrale Saint
Paul de Londres, ainsi
que les problèmes au sein de la compagnie de travail A4E. Les sujets sont ainsi recensés dans ce tableau.
On constate ici que chaque sujet est accompagné du journaliste qui le traite, afin que l'internaute puisse échanger avec lui via Twitter. Mais la principale révolution de Newsdesk Live par rapport à la Newslist, c'est que l’internaute n’est pas obligé de
se limiter à Twitter et donc aux 140 caractères d’un tweet. Il
peut désormais contacter le journaliste par mail. De plus afin de rendre compte de l'avancée des articles et de certaines correspondances internaute/journaliste, un
fil interactif animé par Polly Curtis, figure clé du journalisme participatif
au Guardian, a été créé. Ce fil a donc pour vocation de former une sorte de « brain-storming ». On se rend malgré tout compte qu'en dépit des intentions de mêler les commentaires des internautes et des journalistes, ces derniers sont largement sur-représentés.
Vers une généralisation de ces outils?
Les médias l'ont bien compris, les internautes veulent, en plus de suivre en temps réel et de chez eux l'actualité, être impliqué dans le processus de fabrication de l'information. Certaines plateformes offrent la possibilité de se muer en journaliste amateur, c'est notamment le cas du Post en France. D'autres comme le Guardian avec Newsdesk Live permettent de tenter l'expérience de la conférence de rédaction ouverte. Cette collaboration a différents degrés d'implication. Par exemple en Suède, le quotidien régional Norran a mis en place un live chat permettant aux lecteurs de discuter en temps réel avec la rédaction sur les idées de sujets. Rue 89 en France propose une conférence de rédaction les jeudi à 9h retranscrite en chat par des journalistes, offrant la possibilité de réagir. Ces démarches permettent cependant davantage une immersion plutôt qu'une réelle interaction. Elles assouvissent toutefois le besoin de proximité des internautes avec les médias.
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