lundi 2 avril 2012

PRÉSIDENTIELLE FRANÇAISE : LA BATAILLE DU WEB FAIT RAGE

A défaut d’offrir un débat de société constructif, les principaux candidats à la présidentielle française rivalisent d’imagination pour parvenir à contourner les règles d’égalité du temps de parole imposées par le CSA.  Leur refuge : le web et les nouveaux médias.

Depuis le 19 Mars, la campagne présidentielle a pris un nouveau tournant. Les télévisions et radios généralistes se sont vues imposer par le CSA la controversée règle de stricte égalité du temps de parole. Désormais toutes les interventions des dix candidats sont chronométrées et strictement contrôlées, afin que Nicolas Sarkozy par exemple ne soit pas plus audible et visible que Jacques Cheminade. Qu’à cela ne tienne, en plus des subterfuges des médias pour diffuser les petits candidats au milieu de la nuit, les équipes de campagne des cadors de l’élection se sont appropriées le web. Trop peu évolué en 2002, pas encore réellement mûr en 2007, celui-ci est désormais utilisé à son plein potentiel. L’objectif étant très clair : accroître encore davantage la visibilité des candidats.

On assiste alors à un véritable matraquage sur les réseaux sociaux et plus particulièrement sur les comptes Twitter des candidats. Durant chaque discours, intervention télévisée ou radiophonique, les équipes web tweetent chacune des phrases fortes énoncées par leur chef. De même elles retweetent un maximum de commentaires élogieux, mais également les tacles adressés aux rivaux par les internautes. Exemple ici avec l’intervention de Nicolas Sarkozy le 31 Mars sur la jeunesse.


« Web-radio » vs « Web-série »
Mais les réseaux sociaux sont loin d’être les seuls outils à disposition des équipes web des candidats. Ces derniers s’approprient désormais les nouveaux médias. C’est le cas notamment de « Radio Hollande », la première web-radio lancée par un candidat à l’élection présidentielle, mais aussi des Web-séries « Les Experts » proposée par des élus de l’UMP et « En Marche » concoctée par l’équipe de Jean-Luc Mélenchon.

La palme de l’innovation revient ainsi à l’équipe web de François Hollande qui a lancé le 26 mars dernier  « Radio Hollande » . Chaque jour de 18h à 19h30, la web-radio disponible sur le site de campagne du candidat socialiste décrypte un point précis du programme, revient sur la journée écoulée, et bien évidemment prend soin de tacler le bilan du président sortant. Animée par deux professionnels des médias, Pierre Lescure, ex-patron de Canal + et Fred Musa, animateur sur Skyrock, la radio offre également une libre antenne « Allo François ? » où chaque auditeur peut poser une question à laquelle une personnalité socialiste répond dans l’émission. La première invitée de Radio Hollande le 26 mars était Ségolène Royal. L'émission est à écouter ici.

L’équipe web de Nicolas Sarkozy a de son côté vu les choses en plus classique et surtout en moins grand qu’il y a 5 ans. Après avoir développé en 2007 NSTV, une Webtélé dotée de 11 chaines, elle a mis cette année sur pied un simple programme intitulé « Les Experts ». Dans le rôle d’Horatio Caine, on retrouve Valérie Rosso-Debord, Marc-Philippe Daubresse, et d’autres élus UMP. Le concept: « chaque jour un élu aborde un thème de campagne et communique autour des propositions de Nicolas Sarkozy » explique le FigaroCela se traduit alors par une courte vidéo d'environ deux minutes, durant laquelle l’élu se penche sur un thème comme par exemple le RSA ou la formation des chômeurs. Dans cette vidéo, la député Valérie Rosso-Debord s'exprime sur les retraites et l'épargne.


Alors que François Hollande mise sur l’aspect innovant et participatif de sa web-radio, la majorité actuelle a de son côté choisi un procédé plus classique, mais aussi plus pédagogique et idéal pour être diffusé sur les réseaux sociaux. Le classique, c’est également ce qu’a choisi l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélanchon. Avec « En Marche », elle réalise un film de campagne dont chaque épisode d'environ huit minutes est publié le lundi. Ce programme « raconte la mise en mouvement de millions de gens à l’occasion de cette campagne et dévoile la mécanique humaine à l’œuvre dans ses coulisses », selon les informations dévoilées sur le site de campagne du candidat du Front de Gauche. Ce programme constitue de très loin l’initiative qui fonctionne le mieux en terme d’audience : les deux épisodes consacrés à la marche vers la Bastille ont été vu environ 35 000 fois chacun sur la toile. Ci-dessous la partie 1 de ce rassemblement.


Une audience limitée
Si les initiatives fleurissent, elles peinent à trouver leur public. « Radio Hollande » n'a réunit que 1000 personnes pour la première, chaque épisode des« Experts » est regardé seulement par quelques centaines d’internautes. De même, en règle générale, l'attrait pour les sites de campagne reste assez faible.

Tous ces éléments contrecarrent l’idée que la campagne se joue sur Internet, et ce malgré l'activité importante sur les réseaux sociaux. Les nouveaux médias restent évidemment un moyen d’expression subsidiaire à la télévision, notamment en cette période d’égalité contrainte du temps de parole. Mais il n’en demeure pas moins que le petit écran reste la vitrine principale des candidats. Le manque d'implication des internautes dans les outils web mis en place reflète alors une chose : cette campagne peine à passionner les français.

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