lundi 26 mars 2012

LES APPLICATIONS MOBILES TOUJOURS PLUS CONSULTÉES

La conclusion de l’étude publiée jeudi 22 mars par l’agence ComScore est sans appel : fin 2012, les applications sur iPhone, iPad, Android et Windows Phone pourraient avoir dépassé les sites d’actualité sur Internet en Europe. Anecdotique jusqu’à peu, la consultation des applications et des sites d'information devient de plus en plus systématique pour les utilisateurs de Smartphone.
 
Mercredi 21 mars : journée record à tous points de vue
Ce 21 mars la télévision française s’est plus que jamais rapprochée de la télévision américaine avec ses Breaking-News et ses flashes spéciaux. En conséquence à cette actualité dramatique reprise en masse par les médias, BFM TV a battu tous ses records d’audience : avec 8,7% de part d’audience sur la journée, la chaine d’information en continue est devenue ce jour la cinquième chaine française derrière TF1, France 2, France 3 et M6.

Un autre fait assez exceptionnel est à retenir de cette journée : les grandes applications sur Smartphones ont toutes enregistré des records absolus de consultation. Par exemple, le Figaro a multiplié par trois ses visiteurs sur les applications mobiles. Pour le Monde, le nombre de ces consultations a dépassé celui du site Internet. L’explication est somme toute assez simple à trouver : dans une actualité brulante comme celle-ci les moyens qui permettent d’accéder instantanément à l’information la plus récente sont privilégiés. Dans ce cas précis, les applications mobiles bénéficient alors d’une haute valeur ajoutée pour les utilisateurs.

Plus qu’un épiphénomène, une grande tendance
On pourrait croire que ce phénomène s’explique uniquement par l’aspect dramatique et brulant du sujet. On ne peut le nier, la France a vécu au rythme de l’évolution de cette affaire ces derniers jours, mais cette tendance à la consultation croissante d’applications mobiles date de bien avant la semaine dernière. Depuis leur entrée sur le marché, celles-ci ont su trouver leur public, à tel point que certains prédisent même que leur consultation pourrait avoir dépassé celle des sites internet d’ici la fin de l’année 2012

L’institut ComScore fait parti de ces prophètes.


L’institut de recherche en marketing et Internet a publié jeudi 22 mars les résultats d’une étude menée entre janvier 2011 et janvier 2012. En moyenne durant l'année 2011, près de 37% des utilisateurs de Smartphones dans les cinq grands pays européens (France, Allemagne, Italie, Espagne et Royaume-Uni) ont accédé au moins une fois par mois à des sites d’actualité via une application ou un navigateur Web sur leur mobile. Cela constitue une hausse de 74% par rapport à l'année 2010.

Les anglais propriétaires de Smartphones sont les plus gros consommateurs de ces applications : ils sont près de 47% à s'en référer au moins une fois par mois pour s'informer, et plus de 15% au moins une fois par jour. L’explication est assez simple : en Angleterre, les initiatives des journaux se sont multipliées dernièrement. Comment ne pas citer l’exemple du Guardian, qui se veut être le pionnier de l’innovation et du journalisme participatif dans ce pays. Force est de constater que les nouveaux outils proposés par le journal trouvent leur public. Dans le reste de l’Europe, l’utilisation quotidienne est plus homogène et tourne autour de 10 à 11%.


L'accélération de ce phénomène depuis 2010 est assez fulgurante. Dans l’Europe des 5, en un an, le nombre d’utilisateurs de Smartphones accédant aux sites d’actualité quasiment quotidiennement a augmenté de 82%. La « palme » revient à l’Espagne qui certes partait de plus loin : la croissance atteint 160% pour un accès quasi quotidien dans ce pays.

De plus en plus accros
En France, 14 millions de Smartphones ont été vendu l’an passé, ce qui a logiquement bousculé les pratiques d’information de leurs possesseurs. Pour Blandine Silverman, directrice mobile de ComScore « l’adoption accrue des Smartphones en Europe a contribué à la consommation d’actualités et informations à la volée. Les mobinautes veulent savoir ce qui se passe autour d’eux en temps réel, ce que leur permet leur Smartphone ».

L'étude traduit ainsi une double évolution concernant l'utilisation des applications mobiles : un nombre croissant de personnes y ont recours, et surtout ces personnes y accèdent sur une fréquence et une durée plus longue. La dépendance accrue des possesseurs de Smartphones vis-à-vis de l’information sur leur mobile est incontestable. Face à cela, les fabricants de téléphone, et bien évidemment les entreprises de presse ont une immense carte à jouer. Il s’agit pour les premiers de construire des Smartphones qui permettent de par leurs fonctionnalités et la taille de l’écran notamment une utilisation et une lecture plus aisée. Pour les seconds, ces nouvelles tendances constituent selon Blandine Silverman une « opportunité d’élargir leurs audiences tout en les défiant sur des moyens plus efficaces de délivrer leur contenu sur petit écran ».

Le temps des initiatives innovantes n'en est qu'à son commencement...

dimanche 18 mars 2012

#OLD, LA NOUVELLE ARME DES "TWITTOS"

Avec l’accélération du temps réel de l’information, un petit nouveau est arrivé sur Twitter, le hashtag #old. Celui-ci constitue une sorte de nom de code permettant de signaler qu'une information tweetée a évolué, voire périmé. Il peut alors servir à un "twitto", c'est à dire un utilisateur de Twitter lambda, d’indiquer et d'assumer que le lien qu’il s’apprête à publier n'est pas récent. Mais surtout il est une arme terrible pour tout journaliste souhaitant railler un collègue qui aurait fait preuve de laxisme en relayant une information déjà présente sur la toile depuis plusieurs heures. Pour éviter ce genre de situation, un outil a été créé par deux suédois : "Is it old?".

Tweeter c’est bien, le faire dans le bon tempo c’est mieux.
Dans un monde où l’information se fait en temps réel, il n’y a désormais plus de place pour les journalistes qui ne font pas preuve de réactivité. Le métier a évolué en ce sens : l’information brute doit être délivrée en temps réel pour avoir un maximum de valeur ajoutée. L’actualité analysée et décryptée dispose quant à elle d’un laps de temps supplémentaire pour être transmise. Emmanuelle Defaud, chef des informations à France TV Info résume : «Il y a une question d’adéquation entre le moment où tu donnes l’information et la qualité de l’information (…) Dans le temps T, tu peux donner une information qui vient de sortir, en restant sur des faits bruts. 24h ou 48h plus tard, (...) tu ne peux pas donner juste le fait, tu dois le décrypter.» 

Twitter a évidemment intégré cette évolution du métier induite par les nouvelles technologies. Lorsqu’un évènement brulant se produit, le journaliste ou le twitto qui se veut au plus près de l’information doit faire preuve du maximum de réactivité possible, et bien sûr il doit s’assurer avant de publier un tweet que les faits n’ont pas évolué à nouveau. Des évènements où la situation évolue très vite, comme la mort du colonel Kadhafi en octobre dernier ou encore le dramatique accident de car en Suisse cette semaine, sont des exemples frappants : le fait en lui-même a un intérêt à être tweeté lorsque l’information vient de tomber. Par la suite, c’est l'évolution et l'analyse de la situation qui comptent. De même que dans le cadre du « live-tweet » d’une rencontre sportive, il n’y a strictement aucun intérêt à signaler un but une demi-heure après que celui-ci ait été inscrit. 

Le timing et la réactivité revêtent donc une importance capitale dans la profession de journaliste aujourd’hui, et d’autant plus sur Twitter. Pour interpeller, voire moquer ceux qui feraient preuve de laxisme, les professionnels ou les twittos lambda ont une nouvelle arme terrible. Celle-ci prend la forme d’un hashtag : #old. Comme expliqué précédemment, il permet également de signaler et d'assumer que ce que l’on s’apprête à tweetter n’est pas de l’actualité fraîche. 

#old peut permettre de revenir sur un évènement passé...
... ou signaler qu'un article récent reprend une étude plus ancienne
Le sens de ce hashtag est très simple, dans ce contexte où le journalisme numérique prend le dessus et où l'actualité se fait en temps réel, les journalistes doivent dévoiler la bonne information au bon moment. 

Is it old: l’outil pour éviter d’être "has-been"

C’est dans ce contexte d’immédiateté de l’information et de prédominance croissante de Twitter que deux créateurs numériques suédois, Oskar Sundberg et Per Hansson, ont mis en place un outil bien pratique : « Is it old ? ». Sous ce nom se cache une application à laquelle tout twitto novice ou manquant de confiance dans ses tweets et la fraîcheur de l’information qu’il s’apprête à diffuser, peut se référer.

Le fonctionnement est très simple : il suffit simplement d’entrer dans la barre d’adresse de l’application le lien que l’on s’apprète à diffuser sur Twitter. L’application va alors préciser si l’information est dépassée ou non en se référant à la date et l’heure de parution de l’article, et au nombre de fois où l’article a été tweeté.

Par exemple, j’évoquais tout à l’heure le tragique accident de car dans un tunnel en Suisse, où 28 belges donc 22 enfants ont été tués. Cette actualité a secoué la Belgique et fait la une des journaux. L’accident a eu lieu à 21h15 mardi soir, il a été relayé dans le courant de la nuit de mardi à mercredi, avant que toute la toile s’empare de l’information. Jeudi soir, j’ai donc fait le test sur le site « Is it old ? » de deux liens provenant du site internet du premier journal belge, Le Soir :  

Le premier lien reprend les faits de l’accident et les évolutions au cours de la journée de mercredi : premiers élements de l’enquête, réactions officielles, etc. Tweeté plus de 40 fois et datant de plus de 24 heures, le lien est considéré comme « old ».


Par contre, le second lien présente un élément qui permet de montrer que des accidents avaient déjà eu lieu dans le tunnel suisse par le passé. Le lien étant récent et n’ayant toujours pas été tweeté, le site m’informe que je suis un "pionnier d’Internet".


En fait, si cet outil est novateur, il ne remplacera jamais les qualités intrinsèques d’un bon journaliste aujourd'hui, qui se doit d’être réactif face à l’actualité pour asseoir sa crédibilité et sa valeur ajoutée. 

dimanche 11 mars 2012

INTERNET : LE PLUS GRAND TERRAIN DE SPORT

Il fallait bien que cela arrive un jour. En 2011 Internet a supplanté la télévision… sur l’information sportive. Une étude menée par l’agence de publicité Havas Sports & Entertainment montre en effet qu’Internet est devenu la source principale d'information dans ce domaine pour les européens de 18-35 ans. La multiplication des sites d’information sportive et les réseaux sociaux donnent désormais la possibilité aux internautes de vivre le sport "en  communauté". Focus sur ces nouvelles pratiques sportives.

C’est une première. Internet a devancé en 2011 la télévision comme principale source d'information sportive chez les européens de 18 à 35 ans. C'est l'agence Havas Sport, via une enquête dirigée dans le cadre du Global Sports Forum (GSF) de Barcelone, qui a mis en évidence ce bouleversement de hiérarchie. Cette étude qui se penche sur les comportements médiatiques des amateurs de sport montre que les 18-35 ans sont 36,1% à privilégier la toile comme support d'information, contre 32,1% pour la télévision.

Un lieu d’échanges
Eurosport lieu d'échanges entre passionnés 
Internet présente deux intérêts principaux pour l'information sportive : il permet à l’internaute de pouvoir accéder à tout moment à l’actualité du sport, du club ou du sportif qu’il suit. Mais il constitue aussi et surtout un lieu d’échanges. Les passionnés de sport étant très enclin à discuter et partager leurs analyses, l’ascendant pris par Internet dans la consultation d’information sportive relève ainsi de la logique. La télévision reste le média roi pour regarder le sport, puisqu'elle constitue le support privilégié de 94,3% des sondés durant les rencontres sportives. Dans ce cadre, Internet est utilisé soit à des fins de substitution lorsque ces rencontres sont retransmises par une chaine payante, soit comme un support complémentaire.

Twitter et le sport : un couple qui marche
Par complémentaire, on met ici en avant l’aspect communautaire d’Internet. Les sites d’information sportive comme Eurosport, mais aussi les réseaux sociaux permettent aux passionnés de sport d’interagir. Pour les premiers cités, la plupart des articles et des « live-textes » sont dotés d’outils de réaction et de discussion, même si les commentaires ne sont pas toujours extrêmement constructifs. Pour les réseaux sociaux, Twitter de par ses fonctionnalités notamment le fameux #hashtag est devenu un lieu privilégié d’échanges sur les évènements en direct, qu’ils soient sportifs ou non. Les jours de matchs sont alors l’occasion de voir se côtoyer les analyses et commentaires de journalistes sportifs, blogueurs et autres passionnés, comme par exemple ici, avec la #L1.

#L1 sur Twitter
« La consommation de sport sur Internet ne cannibalise pas celle du petit écran »
Pour Lucien Boyer, PDG de Havas Sports et organisateur du GSF «La consommation “en live” est de plus en plus complétée par une consommation “partage” autour de l'événement sportif ». Les possibilités d’instantanéité et d’échange offertes par Internet ne vont donc pas à l’encontre de la Télévision. On l’a dit, 94,3% des sondés privilégient le petit écran pour regarder les rencontres sportives retransmises en direct. Lucien Boyer précise : «La consommation de sport sur Internet s'additionne à celle sur le petit écran, elle ne la cannibalise pas. Les gens tweetent pendant qu'ils regardent (...). On a une diversité de sujets, partagés sur plusieurs écrans.»

Les résultats détaillés de l'étude sont accessibles ici.

mardi 6 mars 2012

PETIT PRÉCIS D’ÉCRITURE JOURNALISTIQUE À L'HEURE DES MOTEURS DE RECHERCHE

50 à 70% des articles en ligne sont consultés à la suite d'une recherche sur les moteurs. Forts de ce constat, les médias en ligne utilisent les techniques dites de SEO (Search Engine Optimization - Optimisation pour les Moteurs de Recherche) censées apporter un maximum d'informations aux robots d’indexation de ces moteurs. L'objectif est simple : assurer une meilleure visibilité des productions des journalistes. 

Être journaliste sur le web est décidément un métier bien à part. Terminé le temps où l'on cherchait le jeu de mot le plus clinquant afin d’attirer l’attention du lecteur. Désormais, avec la prédominance de la recherche sur le web, il faut faire en sorte d'être facilement visible par les moteurs de recherche. En conséquence, pour les journalistes web, tout est une question de mots clés : il s'agit de trouver et placer dans le titre, mais aussi de manière récurrente dans l’article, les termes qui permettront le référencement par les robots des moteurs de recherche. La finalité est double : permettre aux moteurs de faire remonter l'article au lecteur, mais aussi correspondre aux recherches des internautes. 

L’impact des mots
Les journalistes aiment le challenge qui consiste à trouver le titre le plus imagé, pour ne pas dire le plus racoleur. Mauvais calcul : ce n’est plus l’aspect recherché ou humoristique d’un titre qui fait la différence sur le net. C’est désormais le fait de coller un maximum avec les recherches de l'audience et d'être facilement repérable par les robots des moteurs de recherche. 
Les 10 termes les plus recherchés sur Google depuis début 2012
Toute catégories confondues, les mots les plus recherchés sur Google en France depuis le début de l’année 2012 sont entre autres Free, France, Hollande, Sarkozy ou encore PSG. Ces mots sont donc une assurance à la fois d'être vu par les robots, mais aussi de cadrer avec les recherches les plus récurrentes des internautes. Concrètement, si un individu recherche "Hollande" sur Google, il verra remonter en plus de la page Wikipédia et le site de campagne du candidat socialiste, ainsi que le site de l'office néerlandais du tourisme, les articles à la une qui comportait "Hollande" dans le titre. Sans compter tous les articles visibles à partir de l'onglet Actualités.
Résultat de la recherche "Hollande" le 5 Mars à 19h
La titraille revêt donc une importance capitale. Elle doit aller droit au but, contenir l’information, les mots clés principaux, et surtout ne doit pas être imagée. Pour prendre l’exemple de François Hollande, il est indispensable de le citer dans le titre et non pas user des termes comme « le candidat socialiste », etc. Par exemple, un article d'hier intitulé : « Pacte anti-Hollande: Sarkozy et les grandes capitales démentent tour à tour » est remonté car le titre comporte les mots clés « Pacte » « Hollande », « Sarkozy ». Si il s’était intitulé «  Front européen anti candidat socialiste : le président de la république et les grandes capitales démentent tour à tour », force est de constater qu’il n’aurait probablement pas été aussi visible par les robots. 

Cet exemple caricatural montre que le titre joue un rôle primordial dans le recensement d’un article par les moteurs de recherche. La raison est toute simple : Google part du principe que chaque titre détermine ce qu’il y aura dans la page. Le choix des mots clés a donc son importance, mais celui des termes périphériques l’est tout autant. Ils doivent être les plus signifiants possibles et ne pas laisser de place à l’ambiguïté. Le titre ne fait évidemment pas tout. Le thème de l’article, les mots clés et ceux appartenant à son champ lexical doivent évidemment être répétés plusieurs fois dans l’article.

Dictature du lectorat ou retour aux sources?
Ce nouvel aspect du journalisme pourrait permettre une sorte de retour aux bases. Le journaliste a la vocation d'écrire pour un lectorat, mais trop souvent, il tente de se démarquer en ne se tenant pas aux simples faits, et en y apportant une interprétation. La tendance qu'ont les lecteurs à exiger une information précise, formulée de façon simple et concise contraint ainsi le professionnel à repenser cette façon de transmettre l'information. 

On aboutit alors à cette équation simpliste certes, mais assez évocatrice : Objectivité + Clarté + Précision dans les termes = Recensement par les moteurs de recherche = Plus de lecteurs 

Pour certains, la SEO dénature le métier de journaliste car elle pousse le professionnel à écrire uniquement sur des sujets en mesure de provoquer l’intérêt de l'audience et susciter des réactions. C'est pourtant le coeur du métier de publier pour son audience. La profession doit rester réceptive à ces demandes, et les outils de SEO permettent d'aller en ce sens, tout comme ils donnent la possibilité de s'assurer que les articles seront vus, donc lus. 

Permettre aux rédactions de connaitre le profil de leurs lecteurs, et leur apporter une information précise et de qualité, tel est donc le double objectif des techniques de SEO. Elles permettent au journalisme de s'adapter aux évolutions technologiques et aux nouvelles pratiques des "consommateurs d'information" afin de rester des sources d'information pertinentes et essentielles aux yeux des lecteurs.

Sources : Owni.fr - Slate.fr